Saint Leu, évêque de Châlons-sur-Saône

              Jr. 8. 18,23                1 CO. 13. 1,13                       Lc. 18. 31,43

Bien aimés, au Nom du Père et du fils et du Saint-Esprit, Dieu demande à Abraham d'aller sacrifier son fils unique, alors qu'Il lui a promis une descendance innombrable et que la lignée en ces temps-là, est une forme d'éternité, la seule qui soit vue comme bénédiction concrète. Dieu demande à Abraham l'ultime sacrifice. Ainsi ressemblera-t-il à Dieu qui par Amour, se donne. Dieu se retire pour laisser place à la création puis Il se donne pour qu'elle aille vers la plénitude. Dieu transcendant se fait immanent, et la vie peut triompher en sa juste place. L'homme en Abraham ressemble à Dieu. Le fait de se donner ne pèse plus comme un privilège de la toute-puissance. Abraham permet à Dieu de se donner jusqu'à mourir en Jésus-Christ sans que l'homme en soit écrasé. La charité dont parle si bien et d'expérience, l'apôtre Paul, est ce don pur, parfait, gratuit et qui ne pèse en aucune façon. Si un homme donne même sa vie, pour faire du bien, il ne connaît pas encore la charité et son sacrifice est inutile. Il y a de quoi être stupéfait et les disciples que Jésus a choisi, qui ont tout quitté et qui le voient et l'écoutent depuis trois ans, lui, le Messie, sont remplis de doute quand Il leur annonce qu'Il va accomplir les Ecritures en se laissant insulter, mépriser, torturer puis tuer avant de ressusciter. Ils sont imprégnés de sa Parole, ils boivent sa Parole, ils l'enracinent dans leur esprit et dans leur coeur depuis trois ans, et ils ne comprennent pas. Quel est cet aveuglement de l'homme?

Il provient de la pensée humaine.

L'homme est un aveugle qui croit voir. Sauf cet aveugle conscient d'être aveugle sur la route de Jéricho. Il est seul bien qu'on essaie de le faire taire, à proclamer la vérité. Il crie : « Fils de David. » Il ne doute pas. Il a reconnu le Messie. Il s'ouvre au miracle . Il dépasse la pensée seulement humaine . Il voit, comme a vu Abraham dans la foi, quand il a répondu à son fils Isaac qui s'étonnait de ne pas voir l'agneau du sacrifice, « Dieu pourvoira ». Vos pensées vous aveuglent semble dire l'Evangile. « Seigneur, fais que je voie » serait la prière juste, nécessaire. L'aveugle guéri suit le Christ. Là est le chemin.. Dieu se fait chair, se fait tuer pour libérer l'homme du pacte de sang qu'il a conclu avec la volonté perverse qui veut faire croire à l'homme qui'il faut verser le sang pour que la vie progresse. Il faudra la résurrection pour que les 12 apôtres, moins un, le comprennent. Comme l'homme a besoin de la grâce incréée pour ne plus s'enfermer en ses propres pensées! Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne le désir de voir !

                      Père Bernard