Gn.49,2 et 49. 8,12 Mt.21. 1,9 1 Tm. 6. 12,16 Jn. 12. 12,50

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui, l'homme a reconnu que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes du peuple élu. C'est une révélation vertigineuse que l'Eglise invite à entendre en la Semaine Sainte. Déjà, en ce dimanche des Rameaux, les lectures sont d'une richesse prodigieuse. Abordons un point précis : Jésus affirme : « Celui qui aime son âme la perdra et celui qui hait son âme en ce monde, gagnera la vie éternelle » et plus loin, il constate « mon âme est troublée ». Il ne dit pas « je suis troublé ». Qu'est-ce que l'âme ? c'est le psychisme et, en Jésus, il n'a pas pris toute la place. « Celui qui aime son âme » en reste exclusivement aux relations qu'il établit avec tout ce qui vit, avec le monde et avec Dieu. Cet homme est devenu prisonnier de son âme et il épuise la vie jusqu'à la mort car il s'enferme en sa propre histoire. Au lieu de s'ouvrir à la Lumière, il est devenu ténèbres et va vers ses ténèbres. « Celui qui hait son âme », l'expression est violente, est celui qui refuse avec force en lui, la toute puissance que l'homme est tenté d'accorder à ses ténèbres personnels. « Mon âme, tais-toi » disent les Pères de l'Eglise. Ils invitent à l'écoute de la Parole, seule nourriture de l'esprit créé. Il la désire, il la reçoit, il grandit puis il donne à l'âme le calme où elle trouvera sa juste place en ce monde ou à la fin des temps. Faire taire l'âme est très difficile. Et l'homme ne sauve pas l'homme mais le Père fait rencontrer à l'homme Jésus-Christ,ainsi a-t-Il révélé à l'apôtre Pierre : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ». L'appel est personnel. Il y a des niveaux. Il s'agit de rester vigilant pour que la lumière reçue ne soit plus submergée par l'âme, quelles que soient les héritages, l'ambiance, les épreuves. « Tenir le pas gagné » disait ce mystique à l'état sauvege, le poète Rimbaud. Mais la volonté ne suffit pas, les bonnes intentions assombrissent. La lucidité est impossible. Que le frère enseigne le frère. Mais le regard juste est une grâce. Elle ne s'impose pas. Le désir de la lumière ouvre l'esprit. Quand il voit ses ténèbres, il commence à revivre. Tout passe par la mort de quelque chose. Tout aboutit à une résurrection personnelle. Et en cette semaine sainte, il est demandé aux baptisés d'accompagner Jésus-Christ qui librement se livre à la mort, pour peu à peu livrer à la mort tous leurs ténèbres. Les saints sont des hommes qui voient leurs ténèbres. Le temps est donné à chacun pour que ses ténèbres se dévoilent puis s'amenuisent. A la fin des temps, les hommes en serons débarrassés, s'ils le veulent bien. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne le désir de la vraie liberté.

                        Père Bernard