Paroisse de la Théophanie

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lundi, 26 septembre 2011

18/09/2011 - Le Lys des Champs

14° dimanche après la Pentecôte

      Qo. 3. 1,15                           Ga. 5. 16,25                                  Mt. 6. 24,34

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, le baptême de Mathilde se colore aujourd'hui de la splendeur du lys et de la liberté des oiseaux dans le ciel. L'Evangile se termine par l'invitation à ne s'installer dans aucun des temps : « à chaque jour suffit sa peine ». Comme nous y a invités le livre de « la Sagesse », demeurer vivant exige de ne jamais se fixer sur un temps d'épreuve, de réalisation , de destruction ou de joie. Ce sont toujours là, des temps changeants de la vie intérieure . Au travers de ces temps, le but est le Royaume de Dieu, la pérennité, l'éternité en dehors de toute usure et de la tristesse. Quoi qu'il arrive, « regardez les lys des champs »: Dieu leur donne gratuitement une splendeur inutile. Elle est une beauté éphémère mais elle annonce le destin magnifique de l'homme : il est invité non seulement au meilleur de l'humain mais au divino-humain dans la magnificence de la lumière incréée. Pour s'ouvrir à cette grâce, il lui faut entamer la lutte intérieure entre la chair et l'esprit d'après l'apôtre Paul. La « chair » dont il parle, est la création visible quand elle veut se suffire; elle ne peut pas donner ce que l'homme attend dans sa soif d'absolu. Il en est de même pour « Mammon », les richesses. Il y a antagonisme entre le monde et le Royaume de Dieu. Baptisés , il nous faut choisir tout en restant dans le monde, de n'être pas du monde. - Les avatars venus du pouvoir financier, les fameuses crises, montrent bien que « la chair », « Mammon », les richesses sont des sources de perversion. Et la lutte intérieure nécessaire est celle des individus et des communautés. Cette lutte n'est pas le refus de plaisirs légitimes car la matière n'est pas mauvaise ni méprisable. La lutte entre la « chair » et l'esprit consiste à ne pas faire un absolu de ce qui passe. Et la justice de Dieu est plutôt la justesse : il s'agit de reconnaître la juste place du corps , de l'âme ou psychisme, et de l'esprit. Donner à l'esprit sa place, qui est la première, permet de devenir un vivant . L'esprit créé dont l'exclusive nourriture est la Parole de Dieu, se découvre, se développe et grandit jusqu'à recevoir cette « nourriture inexprimable et parfaitement gratuite qui sans fin déborde inépuisablement aux lèvres de l'âme et rejaillit à la source du coeur » comme en témoigne saint Syméon à partir de l'expérience de l'Esprit-Saint en personne. En la divine liturgie, nous sommes en marche ensemble et chacun personnellement, vers le mystère. Invités à communier au Corps et au Sang du Christ, nous allons devenir Dieu autant qu'il est possible . Cette réalité spirituelle fait de l'homme un vivant et le sel de la Terre. C'est son destin de baptisé au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Que Dieu nous en donne le désir, le goût et la force. A Lui la gloire aux siècles des siècles

                                              Père Bernard

vendredi, 16 septembre 2011

04/09/2011 - Le bon Samaritain

12° dimanche après la Pentecôte. Montpellier, 4 septembre 2011

              Is. 66.18,24                    2 Co. 3.4,9                    Lc.. 10. 23,37

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés du Christ... Aujourd'hui la parabole de Jésus invite à une juste pensée en ce qui concerne la religion. Le bon samaritain selon les Pères de l'Église est Jésus-Christ. Par la religion, il est considéré comme hérétique. Il ne respecte pas toutes les règles de la loi religieuse. Les brigands qui dénudent et blessent l'homme mis en danger de mort, sont les volontés perverses des anges déchus, les démons. L'homme est blessé à mort d'avoir allié sa volonté aux volontés démoniaques, en voulant se passer de Dieu. L'homme ainsi n'offense pas Dieu. -Si Dieu se vexait il ne serait pas Dieu. - L'homme dans le péché, qui est l'oubli de Dieu et l'écoute de l'ennemi de Dieu, est tellement blessé et mis à nu qu'il ne peut plus se relever lui-même en dépit de tous ses pouvoirs, religions, philosophies, arts, sciences, technologies... Le Verbe de Dieu fait homme seul, voit les blessures mortelles du péché et les soigne. Le prêtre et le lévite qui passent sans lui porter secours manquent de cœur dit-on. Ils représentent l'aveuglement et l'impuissance de la religion archaïque. Elle pense plaire à Dieu et purifier l'homme en sacrifiant des animaux. Le prêtre y est le sacrificateur. Et une fois « peuple élu », l'homme pense devenir juste par l'observation de la Loi. Le lévite y est le guide et le savant. Les religions d'avant Jésus-Christ ne voient même pas que les blessures de l'homme sont inguérissables. Jésus-Christ, Dieu fait homme vient enseigner et montrer que son sacrifice librement consenti rend inutile et pervers tout sacrifice. C'est Lui qui purifie la nature humaine. Étant Dieu il rachète par son sang, une fois pour toutes, l'homme qui s'est livré à Satan. Dieu n'exige aucune réparation. Il n'y a pas un prix à payer pour revenir à Dieu. Et l'Église n'a pas un trésor d'indulgences. Le lévite qui passe montre que l'obéissance à la lettre de la Loi ne justifie pas l'homme. La Loi de Moïse révèle l'hypocrisie de l'homme. Jésus par son enseignement apprend comment lire la Loi selon l'esprit. Jésus-Christ n'est pas venu juger mais guérir l'homme. Jésus est le thérapeute de l'esprit créé jusqu'à la fin des temps. L'Église est comme une auberge où les plaies de l'homme sont en voie de guérison par le vin devenant le Sang de l'Agneau, librement donné en « rémission des péchés », et par l'huile, onction de l'Esprit-Saint proposant force et lumière à chaque personne. Les deux deniers sont l'Évangile et les sacrements. Là les temps retrouvent leur sens : ils permettent à l'homme s'il le veut, d'être remis debout, de permettre et de hâter le retour du Christ. Et si l'auberge Église dépense plus qu'elle n'a reçu, il ne lui sera pas demandé de comptes. A ce sujet, Monseigneur Jean de Saint-Denis, notre premier évêque a proposé la sainte communion à tous les baptisés au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit pour permettre à des sous-alimentés spirituels dans ce monde agnostique sinon athée, de guérir et de retrouver le chemin du Royaume. Cette générosité lui a été reprochée au nom de la tradition orthodoxe. Il a été jugé par un tribunal canonique et, comme il est de coutume, on a prié l'Esprit-Saint et on a ouvert l'Évangile. Eh bien, on est tombé sur la parabole de « l'économe infidèle », celui dont le maître admire la sagesse car il a généreusement diminué la dette de ses débiteurs. L'invitation était claire : Monseigneur Jean était comme l'économe infidèle, admirable donc aux yeux de Dieu, pour son intelligence de la situation, et non pas condamné d'avoir abusé du « Corps très saint et très pur » et du « Sang très précieux » de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les Églises orthodoxes en France, par la voix de ce tribunal, l'ont reconnu, ce jour-là, et on dit à Monseigneur Jean : « Va, tu es justifié ». Et « la montagne sainte » dont nous a parlé Isaïe, nous y montons ensemble lors de toute divine liturgie jusqu'à recevoir « la vraie lumière » qui a illuminé le visage de Moïse. Quant à la Jérusalem elle est céleste et elle est intérieure, déjà réelle en chaque saint et dans la sainteté du temps liturgique juste. Nous voilà donc au plus loin de toute morbidité, de toute culpabilité sacrificielle, de toute idée de rachat dans quelque souffrance , le repentir et l'humilité étant l'attitude juste du retour à Dieu, si nous voyons Jésus-Christ comme le bon Samaritain et jamais plus comme un justicier méticuleux. Gloire à la Sainte Trinité.

                        Père Bernard

28/08/2011 - Ephpheta

Is.35. 1, 6a 1 Co. 1,10a Mc. 7. 31,37

                   11° dimanche après la Pentecôte. Saint Augustin 
                                 Montpellier le 28 août 2011

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, Aujourd'hui la divine liturgie dit à l'homme: « ouvre-toi » en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint; ouvre les oreilles à la révélation et la bouche afin qu'elle abandonne la tristesse et qu'elle proclame la gloire de la création. Cette invitation à l'ouverture est le refus de la résignation à la condition mortelle. Le but de toute civilisation est d'apprivoiser la mort sur quoi s'arrête toute réalisation car chacun sait que toute œuvre humaine sera barrée par la mort. Dans l'Evangile que nous venons d'entendre, Jésus emmène à part le sourd et bègue, touche ses oreilles, met de sa salive sur sa langue. Ces gestes montrent que l'incarnation de Dieu seule, pouvait permettre à l'homme d'entendre le sens de la création afin de retrouver la juste place de sa parole. C'est que dans l'oubli de Dieu il s'enfermait dans le visible et le sensible alors que son destin originel l'invitait à enlever la création au néant de l'usure et de la mort en l'orientant vers Dieu dans l'amour. S'il est demandé au miraculé de n'en rien dire à personne c'est qu'il a vécu là un début. Le pouvoir de Dieu l'a remis dans la plénitude de la vie, il lui faut refuser de s'enfermer dans une suffisance. Nous sommes l'homme ouvert à la vie sans la mort quand nous sommes conscients de l'importance vitale pour l'esprit, de la divine liturgie. Elle permet d'entendre la révélation au niveau le plus personnel et de se joindre au chœur des anges dont la nourriture est la louange. Le temps liturgique ainsi enracine l'homme à nouveau, dans la vie sans la mort. Il passe autant qu'il lui est possible de la condition mortelle à la condition de vivant. Et tout comme le miraculé, il lui faut éviter l'impatience. La divine liturgie oriente vers un devenir. Elle est une marche ensemble et personnelle vers la déification et la transfiguration surtout si la place juste est désirée. Une patience à l'image de celle de Jésus-Christ devient possible afin que grandissent la lumière intérieure et le goût de l'unité intérieure. La vigilance est le fruit du feu de l'Esprit-Saint dont chacun peut avoir bénéficié depuis la Pentecôte. Dans ce monde qui veut de plus en plus se passer de Dieu, qu'Il nous accorde la grâce de l'ouverture afin que nous devenions des créatures vivifiées de plus en plus capables de contribuer à allier le visible à l'invisible et le créé à l'incréé, en Lui, Père, Fils et Saint-Esprit.

    
                           Père Bernard

mardi, 16 août 2011

31/07/2011 - Les bons et les mauvais fruits

7° DIMANCHE APRES LA PENTECOTE

Montpellier, 31 juillet 2011.

         Si 24.9, 17 .          Ro 6.15,23 .    Mt. 7. 15, 21
                              LES BONS ET LES MAUVAIS FRUITS

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui Jésus-Christ nous invite à la vigilance afin de ne pas devenir les victimes du charme ténébreux des faux prophètes. Il s'agit de les discerner non d'après leurs discours mais d'après leur accord avec les commandements de Dieu. Or ils sont : « Tu aimeras Dieu de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit » et « tu aimeras ton prochain comme toi-même », étant entendu que le « prochain » est tout être humain quel qu'il soit. Ce double amour est devenu à nouveau possible en Jésus-Christ. Il a libéré la nature humaine de toute limitation. En Lui et par l'Esprit-Saint, l'homme est appelé à passer du seulement humain au divino-humain. L'esprit de l'homme n'est plus livré à la mort. S'il le désire et s'il l'accepte, il se place en dehors de l'ennui et de la tristesse. Les « bons fruits » du « bon arbre » , du vrai prophète sont la paix intérieure, la joie originelle retrouvée, l'amour vrai. Ils permettent de connaître la « vraie liberté ». Dans le monde, « les loups voraces déguisés en agneaux » se révèlent assez vite par les conséquences catastrophiques des promesses qui avaient aveuglé les foules. Il en a été ainsi au siècle dernier, des dictateurs comme Hitler, Staline, Mao, Pol Pot... qui prétendaient créer un homme nouveau à partir d'un messianisme trompeur. Aujourd'hui le danger est plus insidieux. Le faux prophète est la société de consommation : elle est le crime parfait. Se croyant libre, l'homme ignore qu'il est coupé de toute recherche de la Vérité. Alternativement repu et insatisfait, il donne raison à toutes les vanités. Il s'agit de résister à ce « loup vorace ». Le comble serait de consommer les sacrements. Le Corps et le Sang du Christ ainsi chosifiés entrainent un ennui et une tristesse insondables : « la bonne nouvelle » est rétrécie en un tissu d'habitudes. Le repentir seul peut ramener à la richesse intérieure inaltérable et inaliénable dont Saint Syméon le Nouveau Théologien rend grâce quand il témoigne : « en Te possédant moi le pauvre, je suis toujours riche, et riche par-dessus tous les rois ». Il nous invite à considérer toutes les autres richesses comme secondaires. Quelles que soient l'ambiance et les épreuves petites ou grandes, l'homme en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint, est appelé à devenir le vivant dans la paix intérieure, la joie de fond et l'amour sans déclin. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit, seul Dieu nous en donne le goût et la force de persévérer dans le prodigieux destin qu'Il ne se lasse pas de proposer.

                                                Père Bernard

17/07/2011 - L'offrande agréable à Dieu

5ème DIMANCHE APRES LA PENTECOTE

L'OFFRANDE AGREABLE A DIEU

                                       Montpellier, le 17 juillet 2011
                  Si 27,30 à 28,71                  P. 3.8,17                      MT. 5.20,24

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui Jésus-Christ nous enseigne que tuer n'est pas le pire : se mettre en colère contre quelqu'un est aussi grave. Cette colère peut conduire au meurtre et si elle ne va pas jusqu'à cette action , elle contient en pensée, l'élimination physique de l'autre. Il n'y a pas que l'action qui soit mauvaise. Une pensée peut avoir la même nocivité. Prendre garde à ce qu'on pense est l'invitation de cet évangile. La garde des pensées est essentielle . Il s'agit ici de la colère dans la rancoeur qui développe la haine. Mais il y a des colères qui sont sans rancoeur. Il ne faut pas confondre douceur et faiblesse. Ainsi la colère de Jésus contre les marchands du temple qu'il chasse sans ménagement est sainte. Elle est colère contre leur oubli de Dieu. De même l'invitation du psaume 4 « Mettez-vous en colère et ne péchez plus » , concerne la colère contre toute vanité afin d'accueillir la paix intérieure, cette grâce. La colère contre les pensées et contre les actions qui rejettent Dieu est l'énergie du combat de l'homme. Par contre la colère contre la personne est comme un meurtre : c'est qu'un homme ne se réduit pas à ses actions. L'image de Dieu demeure chez le voleur, l'assassin, l'escroc... , celui que le monde considère comme un monstre. Ainsi le chrétien ne doit-il pas maudire mais bénir celui qui l'insulte . Que bénit-il alors? l'image de Dieu en un égaré. Le mépris d'un autre , lui, est pire que le meurtre. En effet, il efface l'image de Dieu en un homme ou en des hommes. Traiter quelqu'un de fou est le « comble de l'abomination ». Il ne s'agit pas de la perte du sens de la réalité qui perturbe un homme et lui rend la vie difficile. Dans la suite du meurtre, de la colère, du mépris, ce ne peut être que le péché contre l'Esprit-Saint dont il est dit qu'il ne sera pardonné ni dans ce monde ni dans l'autre. Ce péché consiste à traiter de folie la révélation par l'Esprit-Saint en un homme. Il s'agit d'un anéantissement : l'esprit créé est jugé incapable d'écoute de l'Esprit incréé. L'humanité persécute ainsi les vrais prophètes mais elle se laisse facilement charmer par de beaux parleurs, les gourous de toute époque . Le discernement à ce sujet est à la fois délicat et indispensable. La garde des pensées nécessaire à la vie de l'esprit réanimé en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint, inclut la colère juste contre les pensées que l'homme ne peut pas vaincre sans la grâce de Dieu, de sorte que l'effort personnel consiste à éviter toute complaisance vis-à-vis de ses propres pensées. Nous voilà invités particulièrement aujourd'hui à consciemment assumer cette lutte intérieure. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous en donne le désir, la force et la persévérance afin que nous devenions de plus en plus conscients de l'image de Dieu en chacun et que nous demeurions en chemin vers la ressemblance avec Lui qui vit, règne et triomphe aux siècles des siècles.

                        Père Bernard

24/04/2011 - Pâques

PAQUES 2011

                                                Montpellier , 24 avril

Christ est ressuscité! Il été bon de le proclamer en toutes les langues car Jésus-Christ n'est pas seulement le Messie du peuple élu mais de tous les peuples appelés à devenir ses disciples. En Lui, pleinement Dieu et homme parfait, la nature humaine retrouve son unité. Elle avait été perdue: l'oubli de Dieu depuis Ève, Adam et Caïn avaient dispersé l'homme en multiples idolâtries. La nature humaine une en Jésus-Christ invite l'homme à ne plus se résigner à la nature pervertie, pulvérisée, atomisée en familles, tribus, empires puis individus mais à se convertir au destin originel à quoi il est invité. L'homme est destiné à élever la création visible et sensible dont il est fait, vers Dieu car le sens de cette création est l'Amour. Dieu tout-puissant est amoureux de sa création visible, sensible, et libre , de sorte que Dieu demande à l'Église qui est l'homme en devenir revenant à lui-même, d'être son épouse bien-aimée. Or le péché livre l'homme aux ténèbres . Il est l'héritage commun à tous les hommes. Il les livre à la mort dont ils ne peuvent pas se libérer. Il a fallu que Dieu se fasse homme puis se soumette librement au pire en l'homme pour que, par sa mort sur la croix, et par sa résurrection, l'homme ne soit plus barré par la mort. Cette victoire de Jésus-Christ est la joie d'aujourd'hui. Elle est le début de la vie de l'homme nouveau. Voilà bientôt deux mille ans qu'a commencé sur Terre, la vie sans la mort. Et répéter « Christ est ressuscité » c'est en imprégner autant qu'il est possible, chaque cellule de notre être afin que dans la foi et librement, l'homme nouveau remplace l'homme ancien. Il a fallu mille ans à l'homme pour vraiment reconnaître et admettre que Jésus est Dieu et homme. L'Église de Rome en est restée à cette joie. Il a aussi fallu mille ans aux Églises qu'on dit aujourd'hui orthodoxes, pour contempler le mystère de la Personne du Saint-Esprit et par Lui, le mystère des personnes créées, transcendantes et capables de vivre la vraie liberté . Ainsi l'homme à l'image de la Sainte Trinité vit l'unité dans la diversité et va vers la ressemblance. Il faudra peut-être encore mille ans pour que l'homme parvienne à contempler et à vivre avec justesse, le mystère de l'Église, épouse du Christ, une dans la diversité des Eglises locales. Dans cette tension et pour cet effort, Jésus propose la communion à son Corps et à son Sang et l'Église, le souci de la Vérité en plénitude. Cette Vérité n'est pas un savoir mais une présence. Elle est Jésus-Christ ; l'Esprit-Saint seul en donne le désir, le feu et la lumière. Comment ? Eh bien par le temps liturgique. L'année liturgique est le temps cyclique où l'homme est appelé à ne plus en rester au temps chronologique de l'usure et de la mort. La liturgie l'invite à vivre ce qui ne passera pas : la naissance du Christ, ses paroles, ses miracles, sa Croix et sa Résurrection.

C'est dans ce temps liturgique et dans la divine liturgie que l'homme désire et accepte d'être enlevé à la condition mortelle : il est peu à peu déifié. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, ne verra pas la mort » Telle est la résurrection à vivre. Et les ténèbres intérieures, les entraves, les blocages spirituels procèdent des résignations à l'uniformité, à l'usure et à la mort. Peu à peu vivant dans le temps liturgique et par le feu de la lumière incréée, l'individu fait place à la personne tournée vers l'autre et transcendante. De même l'Église locale est transcendante elle aussi. Ces deux transcendances sont d'autant plus ignorées dans le monde que « la société de consommation est le crime parfait » , le consommateur consommant étant gommé en tant que personne. Bien aimés du Christ, que le Père et le Fils et le Saint-Esprit, Dieu un, vous donne le désir, le goût et la force de résister à l'ambiance pour bénéficier de la Résurrection du Christ, et échapper aux ténèbres de la résignation.

                       Père Bernard.

lundi, 15 août 2011

20/04/2011 - Le mercredi Saint 2011 - Quasimodo

QUASIMODO et MESSAGE DE DIEU A LA COMMUNAUTE, LE MERCREDI SAINT 2011

                         1 Jn.5,4-10     Jn 20, 19-31     Lc 22. 35, 38

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui le Christ ressuscité fonde l'Eglise non pas en nommant un chef qui le remplacerait mais en soufflant son Esprit, l'Esprit divin, l'Esprit-Saint sur tous les apôtres sans les distinguer nommément. Ainsi chaque apôtre ira fonder une ou plusieurs Eglises. A notre époque, la dernière clausule du credo est encore à vivre : « Je crois en l'Eglise une... » car l'oecuménisme est seulement un désir. L'Eglise est appelée à devenir pleinement l'Epouse de Dieu en étant parfaitement une dans la diversité des Eglises locales. Fondant l'Eglise, Jésus-Christ ressuscité entame en l'homme, l'émergence de deux transcendances : celle de la personne et celle de chaque peuple. Il est dit aux apôtres : « allez et enseignez tous les peuples et baptisez-les... ». ll ne s'agit pas seulement de baptiser les individus mais aussi les peuples, les ethnies, les civilisations après les avoir instruits afin qu'ils convertissent leurs pensées à la vérité en plénitude. Cette conversion ne saurait être imposée par quelque esprit d'autorité , quelque raisonnement, quelque logique seulement humaine. Enseignement, conversion et baptême d'un peuple ont déjà été entamés en France au siècle dernier, à partir de la rencontre entre la recherche liturgique d'Irénée Winnaert et des études inspirées d'Eugraph Kovalevsky et de la confrérie Saint Photius. L'aventure continue à se vivre dans l'Eglise Catholique Orthodoxe de France . La divine liturgie selon Saint Germain de Paris est célébrée en français. Ainsi est baptisée la langue. Elle peut échapper aux scories de la scolastique et se prêter à l'écoute de cette pensée autre à quoi invite la révélation, pensée apophatique et antinomique, car la Parole dans l'approche du mystère qu'est la liturgie est servie par la mélodie dès qu'un compositeur liturge et instruit de la tradition vivante de l'Eglise, a su la composer avec justesse - travail réalisé en France par Maxime Kovalevsky. Tout ce travail est encore à faire non seulement dans les pays d'Afrique, d'Asie...etc mais aussi dans les peuples qui en sont restés longtemps à une langue sacrée ancienne que la plupart des baptisés ne comprennent pas : grec ancien, latin, slavon...Et la langue n'est qu'un aspect de la culture encore à baptiser. Les Pères de l'Eglise ont vu dans les 153 gros poissons pêchés par obéissance à la seule parole de Jésus ressuscité, les 153 peuples qui, à la fin des temps auront découvert leur être appelé à la déification et à la transfiguration. Nourris de prières justes, ils se seront révélés à eux-mêmes et auront accepté de grandir en vérité et vraie fidélité. En ce troisième millénaire, l'homme commence à vivre ce mystère.

Et le message que nous avons reçu ensemble, en tant que communauté, ce dernier mercredi saint – Lc.22, 35-38, peut être lu comme une invitation à consciemment s'inscrire et à persévérer dans cet enseignement et ce baptême d'un peuple. Contrairement à ce que vous avez fait quand j'étais avec vous, dit en substance Jésus, munissez-vous d'une bourse, d'une besace et échangez votre manteau contre une épée. L'homme est devenu sourd à la foi, fermé au miracle, ignorant de l'Eglise. Les baptisés ne sont plus reçus comme des envoyés du Messie, du Sauveur. Ils doivent compter sur leur « bourse », leur « besace » et leur « épée » pour subsister dans le monde qui leur est hostile. La « bourse » nécessaire est la foi en Jésus, Dieu et Homme, Messie longtemps attendu, Sauveur. La « besace » est le fait de compter sur les sacrements que propose l'Eglise pour que l'esprit créé vive et ne soit pas anorexique, moribond ou dans le coma. « L'épée » n'est pas celle sur quoi comptait Pierre pour éviter à Jésus la condamnation à mort, mais elle est l'arme de la guerre intérieure nécessaire. Pour acquérir cette arme il a fallu « vendre son manteau », c'est-à-dire renoncer à se sauver par les forces et les réalisations humaines. Si les talents croient suffire, l'homme tue en lui, le désir de la grâce. Un travail sur soi s'impose pour désirer devenir le vivant vainqueur de la mort en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint. La paresse, la prétention , tentation majeure dans l'ambiance individualiste actuelle, la tristesse, la résignation à l'absence de Dieu et du sens de la création, l'angoisse , l'accusation d'un autre ou des autres… sont autant d'ennemis intérieurs à combattre résolument. Sans la volonté de repérer l'ennemi intérieur et de lui résister, la prière est comme un baume qui ne pénètre pas. Le consommateur à quoi le monde veut réduire l'homme , est anéanti sans le savoir car il s'est laissé dépouiller de toute clairvoyance, de tout désir de vivre selon l'esprit. L'ambiance actuelle pousse à l'ignorance de toute résurrection. Pour l'homme qui résiste au contraire, une expérience de la résurrection , fruit du désir de vivre vraiment, de l'effort et de la grâce, devient possible : c'est le repentir et l'humilité dans le don des larmes, du pardon et de la lumière dans les ténèbres, qui est joie et paix disent les Pères de l'Eglise . Cette année plus que jamais, nous voilà invités à résister à l'idéologie individualiste et à toute résignation morbide et à cultiver le désir non seulement de l'espérance mais de l'expérience de la résurrection . Que Dieu un , Père, Fils et Saint-Esprit nous accorde la grâce de la lumière et de la force afin de persévérer dans la fidélité à la foi : foi en la Sainte Trinité, en Jésus Dieu et Homme, en l'Esprit-Saint en Personne, en Marie Vierge et Mère de Dieu, et en l'Eglise. Que cette fidélté s'incarne en cette Eglise où nous avons rencontré la vérité en plénitude et en devenir, et qu'elle s'étende à notre évêque Germain dont la compétence égale celle de nos pontifes, Irénée et Jean de Saint Denis.

O Dieu, Trinité Sainte, donne-nous le goût de l'unité dans la diversité des personnes et des peuples, à Ton image et à Ta ressemblance.

                                                     Père Bernard

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