Paroisse de la Théophanie

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dimanche, 10 juin 2012

10/06/2012 - La Banquet Eucharistique

Bien aimés , aujourd'hui nous sommes rappelés au banquet eucharistique. Isaïe le prophète annonce que les noces de la création visible et sensible avec le Créateur seront accomplies à la fin des temps. Et les appelés sont invités en chaque divine liturgie, à vivre les prémices de cette alliance . Le corps et le sang du Christ, réalités spirituelles pour l'esprit créé révélé à lui-même, sont la nourriture et le breuvage de la vie éternelle. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, ne verra pas la mort. » a proclamé Jésus. C'est alors que tous les disciples l'ont quitté sauf les apôtres : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant »ont-ils reconnu. Aujourd'hui dans l'isolement de notre Église, ne sommes-nous pas comme ces apôtres entourés par un monde qui pousse à refuser d'aller à Dieu ? L'homme donne la première place aux richesses, aux pouvoirs et aux plaisirs. Or même prodigieux, ils sont voués à l'usure et à la mort..

L'apôtre Jean invite les baptisés à accepter d'être haïs par le monde et à ne l'imiter en rien, car ce serait oublier, rétrécir, affadir le prodigieux destin proposé par Dieu. La divine liturgie fidèle à la tradition vivante  permet de devenir personnellement et ensemble, Dieu par alliance.

L'esprit créé vit, quand il est déifié : Le corps ne suffit pas, l'intelligence ne suffit pas, le psychisme qu'on peut appeler l'âme, ne suffit pas. Par contre l'esprit créé déifié grandit et chacun de ces jours devient neuf selon la lumière reçue, jusqu'à la sainteté dans cette vie sur terre ou à la fin des temps. L'esprit vivifié ne connaît plus l'usure. Les yeux de l'esprit voient et les oreilles de l'esprit entendent. Le monde hait ce regard et cette écoute qui révèlent les ténèbres de sa résignation à la condition mortelle et de sa soumission aux multiples et changeantes idolâtries. Elles ne font que cultiver ses illusions. « Vous êtes des dieux » dit le psaume. « Devenez en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint des dieux » propose l’Église. C'est ainsi que vous vivrez dans l'amour gratuit, fondement de la création encourage l'apôtre Jean. L'obstacle surtout en France, précise notre Évêque Germain est essentiellement la jalousie. L'homme ne devient pas dieu par magie mais par une conversion dans la vigilance , à l'amour de l'Autre et de tout autre. Au contraire envier l'autre, le talent d'un autre, le don reçu par un autre, condamne à ignorer sa juste place de vivant, immobilise en la rancœur. Elle est allée jusqu'au crime du frère en Caïn. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous accorde le désir et la grâce de nous réjouir des dons reçus par tout autre afin de communier au Corps et au Sang du Christ pour la vie et non pour la stagnation dans une prétendue piété.

                       Père Bernard

dimanche, 1 avril 2012

01/04/2012 - Dimanche des Râmeaux

Gn.49,2 et 49. 8,12 Mt.21. 1,9 1 Tm. 6. 12,16 Jn. 12. 12,50

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui, l'homme a reconnu que Jésus est le Messie annoncé par les prophètes du peuple élu. C'est une révélation vertigineuse que l'Eglise invite à entendre en la Semaine Sainte. Déjà, en ce dimanche des Rameaux, les lectures sont d'une richesse prodigieuse. Abordons un point précis : Jésus affirme : « Celui qui aime son âme la perdra et celui qui hait son âme en ce monde, gagnera la vie éternelle » et plus loin, il constate « mon âme est troublée ». Il ne dit pas « je suis troublé ». Qu'est-ce que l'âme ? c'est le psychisme et, en Jésus, il n'a pas pris toute la place. « Celui qui aime son âme » en reste exclusivement aux relations qu'il établit avec tout ce qui vit, avec le monde et avec Dieu. Cet homme est devenu prisonnier de son âme et il épuise la vie jusqu'à la mort car il s'enferme en sa propre histoire. Au lieu de s'ouvrir à la Lumière, il est devenu ténèbres et va vers ses ténèbres. « Celui qui hait son âme », l'expression est violente, est celui qui refuse avec force en lui, la toute puissance que l'homme est tenté d'accorder à ses ténèbres personnels. « Mon âme, tais-toi » disent les Pères de l'Eglise. Ils invitent à l'écoute de la Parole, seule nourriture de l'esprit créé. Il la désire, il la reçoit, il grandit puis il donne à l'âme le calme où elle trouvera sa juste place en ce monde ou à la fin des temps. Faire taire l'âme est très difficile. Et l'homme ne sauve pas l'homme mais le Père fait rencontrer à l'homme Jésus-Christ,ainsi a-t-Il révélé à l'apôtre Pierre : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant ». L'appel est personnel. Il y a des niveaux. Il s'agit de rester vigilant pour que la lumière reçue ne soit plus submergée par l'âme, quelles que soient les héritages, l'ambiance, les épreuves. « Tenir le pas gagné » disait ce mystique à l'état sauvege, le poète Rimbaud. Mais la volonté ne suffit pas, les bonnes intentions assombrissent. La lucidité est impossible. Que le frère enseigne le frère. Mais le regard juste est une grâce. Elle ne s'impose pas. Le désir de la lumière ouvre l'esprit. Quand il voit ses ténèbres, il commence à revivre. Tout passe par la mort de quelque chose. Tout aboutit à une résurrection personnelle. Et en cette semaine sainte, il est demandé aux baptisés d'accompagner Jésus-Christ qui librement se livre à la mort, pour peu à peu livrer à la mort tous leurs ténèbres. Les saints sont des hommes qui voient leurs ténèbres. Le temps est donné à chacun pour que ses ténèbres se dévoilent puis s'amenuisent. A la fin des temps, les hommes en serons débarrassés, s'ils le veulent bien. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne le désir de la vraie liberté.

                        Père Bernard

dimanche, 19 février 2012

19/02/2012 - Quinquagésime

Saint Leu, évêque de Châlons-sur-Saône

              Jr. 8. 18,23                1 CO. 13. 1,13                       Lc. 18. 31,43

Bien aimés, au Nom du Père et du fils et du Saint-Esprit, Dieu demande à Abraham d'aller sacrifier son fils unique, alors qu'Il lui a promis une descendance innombrable et que la lignée en ces temps-là, est une forme d'éternité, la seule qui soit vue comme bénédiction concrète. Dieu demande à Abraham l'ultime sacrifice. Ainsi ressemblera-t-il à Dieu qui par Amour, se donne. Dieu se retire pour laisser place à la création puis Il se donne pour qu'elle aille vers la plénitude. Dieu transcendant se fait immanent, et la vie peut triompher en sa juste place. L'homme en Abraham ressemble à Dieu. Le fait de se donner ne pèse plus comme un privilège de la toute-puissance. Abraham permet à Dieu de se donner jusqu'à mourir en Jésus-Christ sans que l'homme en soit écrasé. La charité dont parle si bien et d'expérience, l'apôtre Paul, est ce don pur, parfait, gratuit et qui ne pèse en aucune façon. Si un homme donne même sa vie, pour faire du bien, il ne connaît pas encore la charité et son sacrifice est inutile. Il y a de quoi être stupéfait et les disciples que Jésus a choisi, qui ont tout quitté et qui le voient et l'écoutent depuis trois ans, lui, le Messie, sont remplis de doute quand Il leur annonce qu'Il va accomplir les Ecritures en se laissant insulter, mépriser, torturer puis tuer avant de ressusciter. Ils sont imprégnés de sa Parole, ils boivent sa Parole, ils l'enracinent dans leur esprit et dans leur coeur depuis trois ans, et ils ne comprennent pas. Quel est cet aveuglement de l'homme?

Il provient de la pensée humaine.

L'homme est un aveugle qui croit voir. Sauf cet aveugle conscient d'être aveugle sur la route de Jéricho. Il est seul bien qu'on essaie de le faire taire, à proclamer la vérité. Il crie : « Fils de David. » Il ne doute pas. Il a reconnu le Messie. Il s'ouvre au miracle . Il dépasse la pensée seulement humaine . Il voit, comme a vu Abraham dans la foi, quand il a répondu à son fils Isaac qui s'étonnait de ne pas voir l'agneau du sacrifice, « Dieu pourvoira ». Vos pensées vous aveuglent semble dire l'Evangile. « Seigneur, fais que je voie » serait la prière juste, nécessaire. L'aveugle guéri suit le Christ. Là est le chemin.. Dieu se fait chair, se fait tuer pour libérer l'homme du pacte de sang qu'il a conclu avec la volonté perverse qui veut faire croire à l'homme qui'il faut verser le sang pour que la vie progresse. Il faudra la résurrection pour que les 12 apôtres, moins un, le comprennent. Comme l'homme a besoin de la grâce incréée pour ne plus s'enfermer en ses propres pensées! Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne le désir de voir !

                      Père Bernard

dimanche, 29 janvier 2012

29/01/2012 - La tempête apaisée

3° dimanche après la Théophanie

                  Is. 62. 6,9         Ro. 13. 8,10             Mt. 8. 23,27
               Saint Sulpice Sévère .  (Montpellier le 29 janvier 2012)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui comme hier, le monde et les hommes connaissent la tempête. Jésus dort. Et il dit aux chrétiens : « vous manquez de foi » puis il apaise la violence. Jésus est présent jusqu'à la fin des temps, et absent pour laisser place à l'homme.

L'Evangile d'aujourd'hui peut éclairer celui du mercredi saint qui est le programme de toute notre année ensemble. (Lc. 22. 34,37 ). Jésus y annonce à Pierre qu'il le reniera or le triple reniement de Pierre n'est pas seulement un fait de l'histoire il y a quelque deux mille ans, c'est le triple reniement de l'homme . Il consiste à tuer les corps : l'Eglise s'y est décidé après mille ans, au Nom de Dieu fait homme, ce qui est un comble. Il consiste ensuite à interdire la vie au nom du savoir; c'est l'esprit d'inquisition dont les fruits ont été la torture, les bûchers puis tous les poisons au plus intime, de tous les puritanismes pour devenir les diverses conspirations du silence qui visent à l'anéantissement d'un prophète, d'une civilisation ou d'une Eglise. Il consiste aussi à oublier l'esprit créé et l'invitation à son alliance avec l'esprit incréé , attitude qui a été une confiscation de l'Esprit-Saint par le clergé et la réduction de la vie de l'Eglise au social et au politique : l'amélioration de l'humanisme suffirait à l'homme. Or « Je suis la Vérité » dit Jésus. La Vérité est Dieu fait homme. Elle propose à l'homme la divino-humanité.

Après qu'il eût annoncé ce triple reniement qui tente l'homme, Jésus invite à ne pas tout attendre de la grâce, de la providence divine, à ne pas s'installer, même dans la joie de la plénitude désirée, reçue, accueillie. A ce sujet, un très grand saint , Syméon le Nouveau Théologien, après l'expérience ineffable de la lumière incréée, plusieurs fois dans sa vie, se plaint de n'être plus illuminé par la Présence de Jésus-Christ. Jésus dort pour lui. Et que Lui répond-il ? Il lui rappelle qu'il a été comme un bébé nourri par les sacrements, qu'il est devenu adolescent par la grâce de la rencontre du père spirituel qui lui convenait, qu'ainsi il est un adulte. Comme il a beaucoup reçu , il lui est demandé de beaucoup donner et de servir. La lecon de notre évangile du mercredi saint et de celui de ce dimanche, sont du même ordre . Ne plus tout attendre de Dieu mais compter aussi sur sa bourse, sa besace et son glaive, est le programme. La bourse contient le trésor personnel : il est tout le feu et toute la force que l'Esprit-Saint a donnés depuis la Pentecôte. Ne pas l'oublier c'est devenir « le sel de la terre » et c'est ainsi refuser d'en être la sirupeuse bonne conscience. La besace est la conscience de la déification peu à peu accomplie lors des sacrements et surtout lors de la communion au Corps et au Sang du Christ. Le glaive qu'il est demandé d'acheter après avoir vendu son manteau, est l'arme de la vigilance nécessaire dans le combat intérieur. Le manteau représente le confort de toute suffisance. Le vendre pour combattre c'est refuser de mettre au premier rang l'humanisme, de ne pas en rester au meilleur de l'homme , de s'opposer à tout ce qui le limite à lui-même , car il est appelé à devenir dieu par alliance. Le combat a lieu contre toute installation en dehors de la divino-humanité qui est le sens de la vie de l'homme. Par ce combat, il participe à la grâce incréée, la croyance devient la foi qu'il cultive , tout rang, toute joie, tout service demeurent ouverture à l'espérance car rien de seulement humain ne lui suffit, et peu à peu le désir de charité devient réalité, amour gratuit de tout ce qui vit . Là est le chemin de la ressemblance à la Tri-unité. Il est proposé à chaque personne révélée à elle-même et à chaque nation, ethnie, civilisation. « Va vers toi » ne cesse de dire le Bien Aimé, Dieu, à la bien-aimée et Il Iui précise : Je t'en donne la lumière et la force, ne reste plus dans les langes du nourrisson. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit, Dieu un, nous donne le désir et la force de voir en nous grandir l'homme adulte, créature vivifiée appelée à devenir vivifiante.

                         Père Bernard

samedi, 24 décembre 2011

Lettre pastorale pour la fête de Noël 2011

Lettre pastorale pour la fête de Noël de l'an 2011

aux clercs et aux fidèles aimés de Dieu de l'Église catholique orthodoxe de France.

Lorsqu'au tournant de l'an nous devenons, avec Marie, « les entrailles » de l'humanité pour recevoir et faire naître à notre race le Fils de Dieu, en ce même temps nos contemporains désignent la fin de l'année du nom de « Fête » ou « les Fêtes ». Ils glissent ainsi curieusement de la relation entre le ciel et la terre au rapport entre la nature et ses habitants comme on le fait, par exemple, à Lyon maintenant. Cette ville substitue à la célébration de la Conception de Marie (le 8 décembre) une « fête des lumières » !

Étrangement, la nature physique est actuellement priée ou sommée de nous procurer ce que les mystères de Dieu dispensaient auparavant, depuis le Christ, aux générations à savoir la paix, la joie peut-être sinon parfois la grâce dont l'ange dit à Marie, à l'Annonciation, qu'elle en est emplie.

Dès octobre maintenant on prépare les fêtes, leur donnant même le nom de Noël et on essaie de les célébrer jusqu'en janvier, espérant que les yeux, les oreilles et le ventre y trouveront admiration et contentement.

Ce transfert ou renouvellement, selon le point de vue, s'établit autour de Noël montrant bien que cette « Naissance », au coeur de la nuit physique, lorsque la ténèbre extérieure est prépondérante, ne cesse de toucher et de troubler les cœurs et les esprits. Inconsciemment émus dans leur esprit - ce silence qui parle - les hommes font de la nature le musée et le témoin du plus grand événement de l'histoire, celui de l'irruption dans le temps et dans l'espace, dans les conditionnements humains, du Dieu même du temps et de l'espace, ce dieu paradoxalement occupé à s'adapter à cette humanité.

Les « fêtes » dévoilent ainsi la nostalgie humaine de la victoire de la lumière sur les ténèbres. Elles découvrent la bienveillance de la nature qui procure aux hommes, à travers des rites extérieurs, le goût du beau, du bien, du vrai et de la charité divine. Ces fêtes transportent ainsi la douceur et l'humanité de Celui qui vient sans obliger et qui anéantit sa divinité jusqu'au sein de la femme pour élever l'homme à la vie sans ombres.

Je vous exhorte comme moi-même à vous exercer et habituer à lire les mystères dans les comportements de nos civilisations - celles qui sont apparues depuis la venue de l'Emmanuel - surtout dans les temps actuels où nous approchons de plus en plus de l'accomplissement des temps qui révélera pleinement ce qu'est l'homme.

À contempler ainsi nos existences, leurs crises, leurs heurs et malheurs à la lumière des mystères - en ce temps-là, la lumière est celle de la Nativité du Fils de la Vierge, Jésus-Christ - nous pourrons discerner en elle la présence et l'action divine jusqu'en nos moindres actes et pensées. Et ceux qui auront purifié leur cœur et leur esprit et en introduisant de cette manière la providence dans leur quotidien viendront spontanément apporter leur offrande au temps de la fête, à Noël, avec les bergers et les mages à Celui qui, étant Dieu, expérimente l'enfance merveilleuse de l'humanité. Ceux-là, ni optimistes ni pessimistes, trouveront et verront au sein de leur vie - quelle qu'elle soit - ce qui fait la paix dans l'histoire personnelle dans l'univers : ils verront le vrai rapport entre l'humain et le divin sans concurrence ni domination de l'un sur l'autre.

Vous tous enfants de l'Église chantez maintenant avec allégresse : « Ta Naissance, ô Christ, notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence » !


+ Votre bénissant,

Evêque Germain de Saint-Denis.

dimanche, 4 décembre 2011

04/12/2011 - Message de l'Avent

4°dimanche de l'Avent.

                 Is. 61 . 1,4              Ro 15 . 4,13                        Mt. 11 . 2,10

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés,

le message de l'Avent est à entendre dans l'Evangile de ce dimanche : Jésus est le Messie attendu par le peuple élu, il est le seul Messie, le seul Maître, le seul Sauveur pour toute l'humanité. Et Il invite à la patience jusqu'à la fin des temps. Jésus-Christ a été reconnu par des individus, les baptisés qui se sont approchés du Mystère en communautés, les Eglises. Mais les nations, les diverses civilisations en leur langue, ne savent pas encore que Jésus est le Verbe de Dieu fait homme pour sauver et déifier l'homme. « Ne soyez pas de ceux pour qui je serai une pierre d'achoppement » est une mise en garde pour le peuple élu , pour les baptisés et pour les nations. La pierre d'achoppement est le judaisme ou l'hellénisme selon l'enseignement des Pères de l'Eglise.

Le judaïsme est la lecture à la lettre de la révélation. Cette lecture conduit aux formalismes qui sont autant de prisons pour l'esprit créé car la piété n'est plus à l'écoute du Mystère mais semble suffire. Le rituel tend à être vécu comme une espèce de magie. L'hellénisme est une lecture symbolique. Les sacrements eux-mêmes sont perçus comme des symboles. Le rituel n'a plus de réalité. Il est un discours. L'homme a gommé l'incarnation du Verbe. Ce sont les discours sans fin des spiritualismes d'hier et d'aujourd'hui. Leur charme peut leur valoir l'écoute des foules car il donne l'illusion de suffire et de magnifier le seul fait d'être là. En une divine liturgie juste,dans l'Eglise, l'homme qui n'a pas trébuché sur ces écueils peut approcher chaque fois davantage de ce mystère de la déification qui lui fait voir dans la lumière, et désirer la transfiguration de la création visible et sensible qui sera accomplie à la fin des temps. Le message de l'Avent est dans cette espérance dont les prémices sont vécus selon la foi, et librement. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous donne de participer consciemment à cette attente active où se lisent, se désirent et se perçoivent l'Incarnation du Verbe, l'Amour sans ombre et le cheminement vers le retour en gloire du Christ dans la vraie liberté de tous les saints.

                                             Père Bernard

dimanche, 27 novembre 2011

27/11/2011 - L'été éternel

3° dimanche de l'Avent

         Saint Siffrin, évêque de Carpentras . Saint Grégoire le Sinaïte ...
            Is. 18. 1,5                   Ro. 13. 11,14                Lc. 21. 25,33

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés de la nouvelle génération qui perdurera jusqu'à la fin des temps, ces jours-ci l'Eglise et Jésus insistent : le jour et l'heure du retour du Christ en gloire sont inconnus , mais quand Il viendra, sa venue sera évidente à tous. Le bouleversement concernera toute la création visible. En attendant, il est bon de ne pas rester dans une confusion mais de distinguer « le soleil de justice » éternel, immuable Jésus-Christ, les « ténèbres » dont nous a entretenu l'apôtre Paul et les soleils avec leurs lunes qui proviennent des pouvoirs confiés à l'homme. Les sciences sont des soleils et leurs lunes sont des technologies. Les arts aussi sont des soleils dont les lunes sont la décoration, l'artisanat...Les philosophies sont des soleils dont les lunes sont les morales, les éthiques et les idéologies. En ce moment le soleil des mathématiques éclaire et donne leurs pouvoirs aux financiers et aux fameux « marchés ». Ces soleils, ces lunes, ces lumières ne sont pas mauvais mais ils passeront. Et quand des hommes en font des absolus, ils sont bientôt submergés par leur propre déluge. En général, on appelle cela, « crise ». De crise en crise, le monde va comme s'il devait se développer infiniment. Non seulement « vous n'êtes pas du monde » comme l'a voulu notre Seigneur Jésus-Christ mais est-il précisé, vous courberez la tête devant toutes ses lumières et ces pouvoirs du monde jusqu'au printemps qui annoncera « l'été éternel ». Nous en vivons les prémices, ainsi nous chanterons bientôt : « nous avons vu la vraie lumière ». Dans cette attente de l'esprit révélé à lui-même par la foi, « lumière de lumière » , nous voilà invités au désir irremplaçable et personnel de Sa venue . Comme Il a appelé chacun, il nous faut L'appeler, chacun et ensemble : « Viens ! » Ce « Viens » est aussi son nom, le germe accepté de sa présence au coeur et de sa croissance jusqu'à Noël et jusqu'à la résurrection des corps. Ce « viens ! « est le oui intérieur à la suite du « oui » primordial de Marie la Vierge devenue Mère de Dieu. Cette attitude intérieure est la préparation des « deux avènements », elle contribue à la vraie liberté et au mûrissement des temps dont « l'été éternel » sera le couronnement. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit , Dieu Un nous donne le goût de sa « grâce incréée ».

                                                Père Bernard

mardi, 1 novembre 2011

01/11/2011 - Fête de tous les Saints

mardi 1° novembre. Montpellier

Saint Bénigne de Smyrne, apôtre de la Bourgogne, martyr

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés,

Aujourd'hui nous sommes invités à contempler le mystère de tous les saints parce que nous ne les connaissons pas tous : certains sont passés inaperçus alors que d'autres se verront dire par Jésus-Christ « je ne vous connais pas ». A la fin des temps, l'homme verra venir le Christ en gloire avec tous les saints, comme il est écrit .

Il est difficile à l'homme de voir qui est saint. D'ailleurs les Pères de l'Eglise invitent à ne pas juger de la sainteté d'une personne admirable avant qu'elle soit morte car il s'est avéré que parmi les plus zélés ascètes, certains ont sombré dans le pire.

De même, alors que l'Eglise est sainte dans ses sacrements, une Eglise locale peut sombrer et disparaître comme nous le montre l'Histoire.

Aujourd'hui nous sommes invités à communier avec tous les saints du passé, du présent et de l'avenir. Leur sainteté liée à celle de l'Eglise est un réconfort et une joie.

Chaque baptisé conscient bénéficie de la sainteté de tous les saints qui constituent le Corps du Christ en devenir jusqu'à la fin des temps. Chaque personne vivifiée est comme une cellule unique, irremplaçable et libre. Chacun selon la lumière de la foi qu'il accueille et cultive, bénéficie de la sainteté de tous les saints, qu'il les connaisse ou qu'il les ignore. Aujourd'hui il est invité à s'en souvenir.

Dans le temps chronologique de l'évolution, de l'usure et de la condition mortelle, se greffe le temps cyclique de la sainteté. La fête d'un saint est le jour anniversaire de sa naissance au ciel. C'est là qu'il est le plus proche. L'expérience montre que le prier ce jour-là pour qu'il intercède, est efficace. Aujourd'hui tous les saints sont proches.

Le saint a le pouvoir, une fois son corps mort, de se donner. Il n'est pas Dieu mais parvenu à la ressemblance avec Dieu, il se donne. Il est disponible. Il est à l'écoute de tout appel qu'il prend à son compte devant Dieu.

Les fidèles demeurent dans la communion des saints s'ils le veulent, jusqu'à la fin des temps où chaque personne révélée à elle-même, dans la lumière incréée, aura sa juste place dans une parfaite plénitude.

Certains, le 1° novembre, vont fleurir les tombes de leurs proches. Il est dommage d'oublier tous les saints et de n'avoir pas bénéficié de leur proximité avant d'aller prier pour le défunts qui n'ont plus la liberté de le faire.

Pour y préparer , les magnifiques et fortes prières des « Vêpres de tous les défunts » vous sont proposées ce soir à 19 heures. Il est bon de se souvenir que « le jour des morts » est le 2 novembre.

Aujourd'hui, en union avec tous les saints, en cette fête donc de chacun, au moment du baiser de paix, il peut être lumineux, plus que jamais, de prier : « Seigneur, donne-moi la paix que je suis inacapable de gagner par moi-même. »

Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit demeure l'hôte bien aimé.

Père Bernard

jeudi, 27 octobre 2011

09/10/2011 - Les deux commandements

Saint Denys, premier évêque de Paris, martyr avec ses compagnons Rustique et Eleuthère ( 9 octobre 2011 ) Dt. 6. 4,9 Eph. 4. 1,6 Mt. 22. 34,46

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui « les deux commandements » sont liés au fait que le Messie annoncé est fils de David et fils de Dieu. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » sont « les commandements à quoi sont suspendus toute la Loi et les prophètes ». Ils sont plutôt des invitations pressantes et vitales car chacun sait qu'on ne peut aimer sur commande. Les pharisiens connaissent bien la révélation, ils sont pieux et ils appliquent les règles de la Loi avec zèle pourtant ils ne savent pas répondre à Jésus car il est impossible à l'homme d'envisager que Dieu puisse se faire homme. S'il le fait c'est pour que devienne possible à la nature humaine, d'aimer l'inaccessible, l'invisible, l'incompréhensible, l'immuable qui est Dieu. C'est parce que la nature humaine est alliée à la nature divine en la personne de Jésus-Christ sans confusion ni mutation, que l'intimité avec Dieu peut devenir une invitation pressante. L'Eglise aujourd'hui, donne à contempler le mystère des deux natures en Jésus-Christ et à voir en Lui, le seul maître. Il est la Vérité qui éclaire les Ecritures. Et l'esprit d'autorité joint à l'esprit de non-contradiction qui fondent le monde et la piété du peuple élu sont à remplacer par l'esprit de pénitence, d'humilité et d'écoute du Verbe de Dieu fait homme. Jésus est venu inviter l'homme a changer radicalement de pensée : il ne peut saisir la vérité. Elle est mystère et le mystère demeure. Ainsi Jésus est Fils de Dieu mais il n'est aucunement fils comme un homme l'est sur terre. L'intelligence est dépassée. Les mots sont dépassés. Ils permettent une approche, la contemplation du mystère qui reste un mystère. L'antinomie acceptée permet cette approche et l'Esprit-Saint permet de dire sans chosifier Dieu « Notre Père ». Dieu inaccessible se donne en ses énergies incréées précisera Grégoire de Palamas. De sorte qu'il ne s'agit aucunement de se fondre en Dieu . «  Va vers toi » dit le bien-aimé, Jésus-Christ à la bien-aimée qui est l'Eglise, l'humanité sauvée, la création. Aimer Dieu permet d'aimer le prochain et soi-même. Toutes les forces de l'homme lui permettent de peu à peu se libérer de ses suffisances,de ses sensations,de ses sentiments et de son intelligence, afin de s'ouvrir à la grâce. Aimer Dieu et tout ce qui respire naît de la grâce désirée, accueillie, cultivée. Le chemin est connu. L'Eglise propose les sacrements. La réalisation demande toute une vie afin que chacun devienne la personne transcendante dont le nom sera inscrit dans les cieux. Il est nécessaire de s'engager afin de devenir le sel de sa propre vie. Que l'Esprit-Saint nous garde en cette voie dont les fruits sont la paix, la joie et l'Amour.

                          Père Bernard

dimanche, 2 octobre 2011

25/09/2011 - Quatre-temps d'automne - La veuve de Naïm

Lv. 23.26,32 Lv. 23. 39,43 Mi. 7.14,20 Za. 8.14,23 Ga. 5,25. 6,10 Lc. 7.11,16

                       Saint Firmin de Pampelune, 1° évêque d'Amiens

Au Nom du Père et du Fils et du Saint -Esprit, bien aimés, toutes les lectures de ce jour nous situent dans la lignée du peuple élu à la différence que nous ne sommes plus dans le temps chronologique de l'attente du Messie et qu'il nous faut entendre la révélation non pas à la lettre mais selon l'esprit comme l'a enseigné Jésus ressuscité aux pèlerins d'Emmaüs. L'homme nouveau est invité par fidélité à la vie sans la mort, à refuser toute idolâtrie, tout pouvoir sur les autres, toute installation définitive, toute prétention à convertir les autres, car c'est Dieu seul qui convertit, et toute forme de conquête du monde, car c'est de leur propre mouvement que les nations reconnaîtront Jésus Dieu et homme. Dans l'Evangile, Jésus touche le cercueil ouvert et le fils de la veuve se dresse et parle. Ce seul geste l'a ressuscité . C'est que Jésus est Dieu incarné. Il montre que c'est Lui, Dieu fait homme qui libère l'homme de la condition mortelle. Et il le fait gratuitement, par miséricorde, par amour désintéressé, sans aucune idée de rachat. Il ne se demande pas si la veuve et son jeune fils méritent une telle grâce. Cette veuve peut être vue comme la création visible et sensible coupée de Dieu par le péché de l'homme. Son fils est l'humanité livrée à la mort, fruit du péché. Jésus le redresse et il retrouve la parole à l'image du Verbe de Dieu. Il est placé dans la plénitude en devenir. La nature humaine devenue à nouveau vivante par l'Incarnation et la Résurrection de Jésus-Christ, invite chaque fidèle à librement se convertir pour bénéficier de la vie sans la mort par la réponse à l'appel de Dieu. Cette réponse consiste à ne pas se satisfaire des seuls fruits et plaisirs de la terre bien qu'ils soient légitimes.C'est le sens du rite de pénitence des quatre-temps d'automne, saison des fruits et des bénédictions de l'huile et du vin. L'homme ne saurait se contenter de l'humain sans se mutiler car il est destiné à la divino-humanité dont il vit les prémices dans les sacrements. Il lui est demandé de désirer sa juste place et d'orienter son esprit et son coeur afin d'être déifié et de contribuer par les talents et la grâce reçus de Dieu, à la transfiguration du meilleur de lui-même car tel est le sens de la vie jusqu'à la fin des temps. C'est ainsi que ce jour est celui de « l'expiation » : personnes , civilisations, nations ont à réaliser que rien de ce qu'elles ont de meilleur ne suffit et que ce n'est pas par ses propres forces que l'homme est vainqueur. Il le devient en recherchant le Juif dont parle le prophète Zaccharie, et qui est Jésus-Christ. Il lui faut lui ressembler en devenant un dans la diversité des personnes à l'image de la Divine Trinité. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous place et nous garde dans le désir et l'amour de la Vérité.

                         Père Bernard

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