Lettre pastorale pour la fête de Noël de l'an 2011

aux clercs et aux fidèles aimés de Dieu de l'Église catholique orthodoxe de France.

Lorsqu'au tournant de l'an nous devenons, avec Marie, « les entrailles » de l'humanité pour recevoir et faire naître à notre race le Fils de Dieu, en ce même temps nos contemporains désignent la fin de l'année du nom de « Fête » ou « les Fêtes ». Ils glissent ainsi curieusement de la relation entre le ciel et la terre au rapport entre la nature et ses habitants comme on le fait, par exemple, à Lyon maintenant. Cette ville substitue à la célébration de la Conception de Marie (le 8 décembre) une « fête des lumières » !

Étrangement, la nature physique est actuellement priée ou sommée de nous procurer ce que les mystères de Dieu dispensaient auparavant, depuis le Christ, aux générations à savoir la paix, la joie peut-être sinon parfois la grâce dont l'ange dit à Marie, à l'Annonciation, qu'elle en est emplie.

Dès octobre maintenant on prépare les fêtes, leur donnant même le nom de Noël et on essaie de les célébrer jusqu'en janvier, espérant que les yeux, les oreilles et le ventre y trouveront admiration et contentement.

Ce transfert ou renouvellement, selon le point de vue, s'établit autour de Noël montrant bien que cette « Naissance », au coeur de la nuit physique, lorsque la ténèbre extérieure est prépondérante, ne cesse de toucher et de troubler les cœurs et les esprits. Inconsciemment émus dans leur esprit - ce silence qui parle - les hommes font de la nature le musée et le témoin du plus grand événement de l'histoire, celui de l'irruption dans le temps et dans l'espace, dans les conditionnements humains, du Dieu même du temps et de l'espace, ce dieu paradoxalement occupé à s'adapter à cette humanité.

Les « fêtes » dévoilent ainsi la nostalgie humaine de la victoire de la lumière sur les ténèbres. Elles découvrent la bienveillance de la nature qui procure aux hommes, à travers des rites extérieurs, le goût du beau, du bien, du vrai et de la charité divine. Ces fêtes transportent ainsi la douceur et l'humanité de Celui qui vient sans obliger et qui anéantit sa divinité jusqu'au sein de la femme pour élever l'homme à la vie sans ombres.

Je vous exhorte comme moi-même à vous exercer et habituer à lire les mystères dans les comportements de nos civilisations - celles qui sont apparues depuis la venue de l'Emmanuel - surtout dans les temps actuels où nous approchons de plus en plus de l'accomplissement des temps qui révélera pleinement ce qu'est l'homme.

À contempler ainsi nos existences, leurs crises, leurs heurs et malheurs à la lumière des mystères - en ce temps-là, la lumière est celle de la Nativité du Fils de la Vierge, Jésus-Christ - nous pourrons discerner en elle la présence et l'action divine jusqu'en nos moindres actes et pensées. Et ceux qui auront purifié leur cœur et leur esprit et en introduisant de cette manière la providence dans leur quotidien viendront spontanément apporter leur offrande au temps de la fête, à Noël, avec les bergers et les mages à Celui qui, étant Dieu, expérimente l'enfance merveilleuse de l'humanité. Ceux-là, ni optimistes ni pessimistes, trouveront et verront au sein de leur vie - quelle qu'elle soit - ce qui fait la paix dans l'histoire personnelle dans l'univers : ils verront le vrai rapport entre l'humain et le divin sans concurrence ni domination de l'un sur l'autre.

Vous tous enfants de l'Église chantez maintenant avec allégresse : « Ta Naissance, ô Christ, notre Dieu, a fait resplendir dans le monde la lumière de l'intelligence » !


+ Votre bénissant,

Evêque Germain de Saint-Denis.