Bien aimés , aujourd'hui nous sommes rappelés au banquet eucharistique. Isaïe le prophète annonce que les noces de la création visible et sensible avec le Créateur seront accomplies à la fin des temps. Et les appelés sont invités en chaque divine liturgie, à vivre les prémices de cette alliance . Le corps et le sang du Christ, réalités spirituelles pour l'esprit créé révélé à lui-même, sont la nourriture et le breuvage de la vie éternelle. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, ne verra pas la mort. » a proclamé Jésus. C'est alors que tous les disciples l'ont quitté sauf les apôtres : « Tu es le Christ, Fils du Dieu vivant »ont-ils reconnu. Aujourd'hui dans l'isolement de notre Église, ne sommes-nous pas comme ces apôtres entourés par un monde qui pousse à refuser d'aller à Dieu ? L'homme donne la première place aux richesses, aux pouvoirs et aux plaisirs. Or même prodigieux, ils sont voués à l'usure et à la mort..

L'apôtre Jean invite les baptisés à accepter d'être haïs par le monde et à ne l'imiter en rien, car ce serait oublier, rétrécir, affadir le prodigieux destin proposé par Dieu. La divine liturgie fidèle à la tradition vivante  permet de devenir personnellement et ensemble, Dieu par alliance.

L'esprit créé vit, quand il est déifié : Le corps ne suffit pas, l'intelligence ne suffit pas, le psychisme qu'on peut appeler l'âme, ne suffit pas. Par contre l'esprit créé déifié grandit et chacun de ces jours devient neuf selon la lumière reçue, jusqu'à la sainteté dans cette vie sur terre ou à la fin des temps. L'esprit vivifié ne connaît plus l'usure. Les yeux de l'esprit voient et les oreilles de l'esprit entendent. Le monde hait ce regard et cette écoute qui révèlent les ténèbres de sa résignation à la condition mortelle et de sa soumission aux multiples et changeantes idolâtries. Elles ne font que cultiver ses illusions. « Vous êtes des dieux » dit le psaume. « Devenez en Jésus-Christ et par l'Esprit-Saint des dieux » propose l’Église. C'est ainsi que vous vivrez dans l'amour gratuit, fondement de la création encourage l'apôtre Jean. L'obstacle surtout en France, précise notre Évêque Germain est essentiellement la jalousie. L'homme ne devient pas dieu par magie mais par une conversion dans la vigilance , à l'amour de l'Autre et de tout autre. Au contraire envier l'autre, le talent d'un autre, le don reçu par un autre, condamne à ignorer sa juste place de vivant, immobilise en la rancœur. Elle est allée jusqu'au crime du frère en Caïn. Que le Père et le Fils et le Saint-Esprit nous accorde le désir et la grâce de nous réjouir des dons reçus par tout autre afin de communier au Corps et au Sang du Christ pour la vie et non pour la stagnation dans une prétendue piété.

                       Père Bernard