PENTECOTE 2015

      (Saint Vincent,moine de Lérins, Père de l’Église . Montpellier, le 24 mai 2015)

Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, bien aimés, aujourd'hui nous bénéficions en personne du feu de l'Esprit-Saint . Puisse-t-il nous libérer des broussailles qui encombrent notre recherche de la justice et de la juste place de chaque créature. Ce feu est la lumière donnée à l'homme : par ce feu, l'homme sait que le vivant est à l'image de la Sainte Trinité, de Dieu parfaitement Un en trois Personnes.

Et l'unité de la nature humaine retrouvée en Jésus-Christ, nouvel Adam, ne conduit pas à l'uniformité car elle est liée à la diversité des personnes créées, à nouveau tournées vers le tout à fait autre qu'est Dieu .

De même il n'y a plus une langue sacrée qu'il s'agirait d'imposer à tous , mais chaque langue devient sacrée lorsqu'elle s'est purifiée jusqu'à exprimer au plus près, la Révélation qui est une . Et la diversité des langues devenues sacrées exprime la diversité des civilisations. L'esprit impérial soucieux d'uniformité , le communautarisme tout comme l'individualisme sont dépassés. Tout individu est appelé à devenir une personne transcendante, donc irremplaçable. Il en est de même pour toute civilisation, toute nation. Le chemin en est l'Amour. « Si quelqu'un m'aime, il gardera mes commandements et mon Père l'aimera, nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure en lui. » dit Jésus. Dieu se fait demandeur d'Amour. Aimer Dieu procède d'une grâce stupéfiante et aussi du désir puis de l'acceptation de cet Amour. Aimer Jésus-Christ, c'est aimer Dieu, c'est ne pas le réduire ,même à un prophète comme les Nestoriens et leurs descendants. Pour eux , il est une créature qui a reçu l'onction divine lors de son baptême dans le Jourdain, un prophète après et avant d'autres. Aimer Jésus c'est aimer en sa Personne, l'union sans confusion de la nature divine et de la nature humaine, c'est Le connaître, Lui, parfaitement Dieu et homme parfait. En cet Amour, le Verbe de Dieu, la Parole de Dieu, les commandements de Jésus-Christ dans les Évangiles, sont à garder comme la Vierge Marie a laissé mûrir en son cœur, ce qu'elle ne comprenait pas. Le temps de la vie devient celui d'un mûrissement. On cite souvent le cas de ce prêtre russe lors de la révolution bolchevique anti-chrétienne. En face d'un commissaire chargé de le condamner à mort, il a eu cette prière : « Seigneur, je suis un de tes prêtres depuis 40 ans, j'ai devant moi, mon ennemi, donne-moi de l'aimer selon ton commandement alors que j'en suis incapable . » Soudain il s'est senti envahi d'amour pour cet homme qui, stupéfait, s'est écrié : « Va-t-en ! ». Il s'agit bien de garder les commandements des Évangiles dans toute leur force et dans leur mystère, ainsi « laissez les morts ensevelir les morts » ou « tendez la joue gauche » ou « réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse quand on vous persécutera et qu'on dira faussement de vous toute sorte de mal à cause de Moi. »...Cette garde des commandements dans le cœur ,est le retour à la source de la vie après les diverses errances .L'amour du Père est demandé dans le repentir. Il se donne sans s'imposer, sans peser. La personne révélée à elle-même, librement s'ouvre et permet à la Divine Trinité de devenir l'invitée de son cœur disponible. Ce parcours rendu possible en Jésus-Christ jusqu'à ressentir peut-être comme l'apôtre Paul « ce n'est plus moi qui vis, c'est le Christ qui vit en moi », montre à quel point l'homme est appelé à être le vivant, à jamais libéré de la mort. Jésus-Christ est le nouvel Adam : il donne naissance à l'homme nouveau qui n'est prisonnier ni de l'individualisme ni de quelque communautarisme ni du seul souci d'ordre et d'efficacité de l'esprit impérial. La personne retrouvée et ses œuvres seront transfigurés tout comme sont appelés à être transfigurées les civilisations dans leur belle diversité et dans l'unité de la race humaine retrouvant la vie . La Jérusalem céleste est en devenir dès cette vie terrestre. Que le feu de l'Esprit-Saint devienne la lumière intérieure éclairant et magnifiant le mystère de chaque personne et de chaque nation dont aucune n'est méprisée par le Fils, le Père et l'Esprit-Saint, un seul Dieu, ami de l'homme.